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La lettre de l’AFPEN 2017-5 est parue ...

dimanche 17 décembre 2017


EDITORIAL
Laurent Chazelas , président de l’AFPEN

L’envie d’avoir envie.

Il y a des semaines où le réel de la mort s’immisce avec intensité dans l’espace collectif.
Et quand la mort s’abat sur des personnes charismatiques, fauchées les unes après les autres, l’effroi ressenti n’en est que plus grand. La France pleure.
Le mardi ce fut Jean d’Ormesson, le mercredi Johnny Hallyday puis Judith Miller.
Pourquoi la disparition de ces êtres nous émeut tant ? Trois personnalités, bien différentes, mais toutes les trois animées par l’envie, par le désir de donner, de transmettre. Parce qu’on les croyait immortels, parce que l’on se croit immortel.
Notre très populaire star du rock’n roll a chanté l’amour, éperdument, avidement, frénétiquement, avec ses tripes, mais aussi avec timidité, retenue. Sans doute la blessure originelle, causée par l’abandon paternel, eut à voir avec cette quête. Beaucoup purent s’identifier, se reconnaître en Johnny dans une forme de catharsis face au manque que nous portons tous.

Jean d’O. était d’un autre rivage de ce même désir, celui d’un dandysme, voire de l’amour courtois, de l’élégance à la française comme on a pu le lire. Le regard bleu comme Johnny, Jean d’Ormesson ne pouvait-il pas faire figure d’un certain idéal du moi, de l’être raffiné et respectable ?

Judith Miller, fille de Lacan et femme de Jacques Alain Miller, fut animée toute sa vie, par l’orientation qui était la sienne, pour qu’enfants et adolescents puissent s’amarrer en un lieu possible pour résister aux tourbillons de vies parfois cabossées. Combattante dans un environnement qui aujourd’hui n’est pas porteur pour l’orientation psychanalytique.

Tous, nous sommes mortels. Tous, nous bricolons nos vies pour tenir debout. Avec plus ou moins d’aisance, au gré des contingences.
Nous les vivants, ébranlés, secoués par celles et ceux qui passent de l’autre côté, nous inventons, chacun à notre manière, un panthéon intime qui nous donne courage et désir de continuer.

L’AFPEN poursuit le travail de ses pionniers pour qu’à l’école, les apports de notre discipline puisse venir étayer toutes celles et ceux qui, dans leur vie, à un moment donné, ont besoin de soutien, ont besoin de reconnaissance, de sens.

Un jour viendra... et l’AFPEN s’investit dans cette direction, pour que soit pris davantage en compte les apports de toutes les psychologies au sein de notre École. C’est une demande bien légitime de la part des 1200 psychologues qui ont adhéré à l’association professionnelle cette année 2017.
Plus que légitime, c’est une demande logique qui fait suite à la constitution du corps unique de psychologue. Cela ne pourra passer par un simple animateur local qui n’aurait aucune reconnaissance et aucun poids pour agir dans l’institution. A l’AFPEN, nous voulons que notre discipline soit prise en compte dans les politiques éducatives dont les finalités seront de participer à la réussite éducative de chaque enfant.

Oui, ensemble, faisons grandir l’AFPEN, faisons grandir l’idée d’une meilleure place de la psychologie à l’école. Notre association n’a pas d’autre objectif. Comme vous le lirez dans les pages qui suivent, les actions conduites par le tout nouveau conseil d’administration s’inscrivent dans les pas des premiers psychologues voulus par H. Wallon il y a 70 ans tout juste.

Que l’AFPEN continue d’allumer le feu de la place de la psychologie à l’école en 2018.
Poursuivez avec nous cet engagement en renouvelant votre adhésion. Faites adhérer autour de vous les collègues encore isolés. Grâce à vous, l’AFPEN est devenue l’organisation professionnelle de psychologues la plus importante de France.

Cette force que nous représentons, nous avons l’exigence de la mettre au service des psychologues et de la psychologie à l’école.
Ce fut encore le cas dernièrement avec notre contribution au dernier forum des Rased pour réaffirmer avec force le double danger d’une surmédicalisation de la difficulté scolaire et d’une approche par les neurosciences qui phagocyteraient les sciences humaines traditionnelles.

2018 s’annonce. Une année qui marque dans la durée l’installation de notre métier avec le deuxième concours de recrutement spécifique des psyEN. Un des rares concours de notre institution qui attirent puisque plus de 2800 personnes s’y sont inscrites pour passer les épreuves pour un total de 285 postes. Un vrai succès qui nous réjouit.
Le nombre de postes restent insuffisant de notre point de vue pour pourvoir notamment les postes vacants.

2018 sera aussi, selon la volonté de l’Assemblée Générale, l’occasion d’approfondir nos échanges avec l’ACOP-F, l’association professionnelle rassemblant nos collègues du second degré, dans l’objectif d’organiser conjointement une manifestation.
Construisons ensemble l’avenir de notre profession commune.

Au nom du conseil d’administration, je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année 2017.

Les derniers mots écrits de Jean d’Ormesson sont « la mort elle-même ne peut rien contre moi ». Johnny Hallyday, dans son dernier souffle, à levé les yeux vers le ciel.
Avec Judith Miller, qu’ils nous laissent, par leur œuvre, après leur disparition, dans nos panthéons, l’envie de vivre, l’envie d’avoir envie.

@laurentchazelas (suivez l’actualité sur Twitter)


La lecture complète de la lettre de l’afpen, est accessible pour les adhérents sur le "site adhérent".









forum

  • La lettre de l’AFPEN 2017-5 est parue ...  
    18 décembre 2017

     

    Quelles psychologies et quel.le.s psychologues à l’école.

    J’ai bien aimé l’éditorial de Laurent notre Président, dans la dernière Lettre nationale. Outre le style que j’ai apprécié, cela m’a permis d’apprendre la disparition de Judith Miller dont certes les média n’ont guère parlé. Mais la psychanalyse n’a plus la cote et je ne m’en réjouis pas, même si ce n’est pas l’option qui me mobilise le plus intellectuellement.

    Nous rappeler - comme le fait Laurent - que la psychologie à l’école a besoin de multiples sources d’inspiration est essentiel. N’en déplaise à notre ministre actuel, les neuro sciences ne sont pas la seule voie de compréhension du comportement des individus. Le sujet ne se réduit pas à son cortex préfrontal ni même à son hippocampe. Wallon - tout comme Freud - attachait de l’importance à la biologie de son époque, pour autant il était convaincu que le développement de l’enfant se construit dans l’interaction sociale. Comme il le recommandait aux premiers psychologues qu’il avait contribué à former, la clinique de l’écolier devait permettre d’observer pour comprendre ’les causes intellectuelles, caractérielles, sociales du comportement scolaire" mais cette compréhension devait s’accompagner de la transformation du milieu éducatif.

    Le laboratoire de psychologie scolaire (au 5e étage de l’actuel INETOP, 41 rue Gay Lussac Paris 5e) qui regroupait régulièrement les pionniers de notre profession a produit une quantité considérable de recherches qui devaient permettre de changer l’école notamment en aidant les maitres à améliorer leurs pratiques pédagogiques .

    La psychologie clinique (pas seulement dans sa version psychanalytique) est un outil indispensable au psychologue de l’Education Nationale mais d’autres outils permettant le changement de l’environnement de l’enfant sont tout aussi indispensables. Je pense bien sûr à l’approche éco-psychologique que j’ai défendue- et tenté d’appliquer localement- qui utilise les ressources de la sociologie, de la systémique, de la dynamique des groupes de la psychologie des organisations etc…

    L’AFPEN qui promeut la défense de la psychologie à l’école par la recherche, la formation et les échanges professionnels a un boulevard qui s’ouvre devant elle pour développer sa spécificité en laissant aux organisations syndicales le soin de défendre les intérêts moraux et matériels des psychologues .

    Jean-Claude Guillemard