Psychologie & Éducation 2018-3, septembre 2018.
Repérer, comprendre et interpréter
Chers collègues,
Les abonnés à la revue Psychologie & Éducation viennent de recevoir le numéro de septembre 2018. Vous pourrez prendre connaissance du sommaire, de l’éditorial et des ouvrages lus par le comité de lecture.
Savez-vous que vous pouvez rechercher un article à partir de mots clés ? Depuis 1990, les articles sont répertoriés dans un index qui vous trouverez sur le site :
www.afpen.fr dans la rubrique Publications – Revue Psychologie & Éducation – Mots clés.
Le comité de lecture
SOMMAIRE
Natalie LAVOIE & Joane DENEAULT – Écrire avec le crayon ou le clavier : motivation et rendement de filles et de garçons du primaire
Véronika TALY & Claudine VEUILLET-COMBIER – À propos d’un cas de suspicion d’inceste : quel éclairage offre l’examen psychologique
Claire EVANGELISTA – Le raccrochage des mineurs délinquants au travail scolaire, une tâche d’expert confiée à des professeurs des écoles spécialisés
Zahra DJADOUNI – Jouer pour s’exprimer : Autisme et expression des émotions
Libre-propos : Maurice VILLARD – Les Instituts Médico-éducatifs. Quels changements depuis les années 70 ? Témoignage d’un psychologue clinicien
Éditorial
Repérer, comprendre et interpréter
Septembre 2018, c’est la deuxième rentrée pour les psychologues de l’Éducation nationale avec le statut de psychologue. Alors que la mise en place se révèle parfois difficile, la revue Psychologie & Éducation continue à apporter sa contribution à l’exercice du métier. Il s’agit de ne pas perdre de vue les aspects essentiels du travail : aller du côté du monde interne du sujet et des mouvements qui l’animent, avec des outils conceptuels et méthodologiques pour repérer, comprendre et interpréter.
Dans une diversité d’approches, ce numéro 2018-3 est composé de deux comptes rendus de recherche et deux études de cas qui s’appuient sur l’utilisation de tests projectifs.
Repérer, comprendre et interpréter ce qui se passe pour l’apprentissage de l’écriture selon que c’est le crayon ou le clavier de l’ordinateur qui sont utilisés.
Natalie Lavoie et Joane Denault présentent le compte-rendu d’une recherche effectuée auprès d’enfants d’âge scolaire, dans le cadre de la psychologie cognitive : quelles différences au niveau de la motivation et de la performance entre le crayon et le clavier d’ordinateur. L’acte d’écriture engage des aspects affectifs et des aspects cognitifs avec les processus et stratégies, qui nécessitent de développer et gérer des habiletés (planification, mise en texte et révision) en appui sur des ressources attentionnelles. Les auteures observent que le clavier améliore l’engagement et la motivation pour tous les enfants ainsi que le sentiment de compétence par rapport à l’écrit chez les garçons les plus âgés. Mais il n’améliore pas les performances ni pour les filles ni pour les garçons. Si l’utilisation du clavier réduit la contrainte motrice, la mobilisation des ressources cognitives et leur automatisation est toujours nécessaire pour être mise au service de l’écriture comme acte complexe. Ces conclusions invitent à la prudence quant à l’utilisation du clavier souvent recommandée actuellement comme réponse à des difficultés dans le passage à l’écrit.
Repérer, comprendre et interpréter ce qui se passe pour Sandrine, une enfant aux prises avec une inhibition massive de la pensée.
Avec une approche psychodynamique, Véronika Taly et Claudine Veuillet-Combier invitent le lecteur à suivre un parcours d’investigation et d’exploration du fonctionnement psychique à partir des tests projectifs. Il s’agit de l’étude clinique du cas d’une petite fille de 9 ans rencontrant des difficultés d’apprentissage importantes dans un contexte d’une problématique familiale particulière. À partir du dessin, du Scénotest et du Rorschach, l’enfant est mise en situation de résoudre des tâches qui engagent son univers fantasmatique, ses liens intersubjectifs, ses affects et représentations, ses modalités défensives et ses capacités de symbolisation. Les éléments cliniques, symptomatiques et projectifs recueillis ont conduit les auteures à faire l’hypothèse d’un traumatisme sexuel.
Repérer, comprendre et interpréter ce qui se passe du point de vue de l’enseignant qui doit trouver des alternatives à la pédagogie classique pour « récupérer » les « décrocheurs ».
Claire Évangelista propose le compte-rendu d’une étude qualitative réalisée avec un enseignant d’un CEF (Centre éducatif fermé). Cette étude est intéressante à double titre : pour sa méthodologie, l’approche qualitative qui permet de provoquer et observer la pratique réflexive des acteurs, et pour son contenu, identifier les processus d’étayage, en référence à Vygotsky, et l’intériorisation de la règle pour l’élève. L’enseignant est pris dans l’écart entre la prescription des textes et une réalité scolaire bouleversée par les profils des jeunes et l’histoire de leur relation avec l’école. Il « doit gérer le défi de sa propre activité » pour amorcer le processus de raccrochage de l’élève. Par son « effet de loupe sur les dispositifs de remédiation du décrochage scolaire », cette recherche ouvre la réflexion sur la pédagogie différenciée et la pensée comme remède à la violence. Elle met également l’accent sur la relation maître-élève souvent oubliée.
Repérer, comprendre et interpréter ce qui se passe pour Toufik, enfant autiste quand il se saisit de l’espace de jeu qui lui est proposé.
Dans son article, Zahra Djadouni propose une vision de l’autisme à travers l’accès à la capacité de jouer. Elle montre comment un accompagnement thérapeutique peut être conduit à l’aide de tests projectifs Rorschach et Scénotest utilisés comme médiateurs, alors que l’auteure rappelle les difficultés de la personne autiste à entrer dans le jeu et la représentation symbolique. On fait donc connaissance avec Toufik, jeune autiste de 10 ans accueilli dans le cadre d’une consultation psychologique. On suit le début de son parcours thérapeutique et comment il investit l’espace qui s’offre à lui, puis construit une relation avec la thérapeute dans l’espace de jeu qui lui est proposé en passant de l’action sensori-motrice à la représentation symbolique.
Ce numéro de rentrée se conclut par un témoignage professionnel vivant et tonifiant.
Maurice Villard raconte et analyse son parcours professionnel de psychologue, qu’il met en perspective avec l’évolution du secteur médico-social depuis les années 60. Dans cet article intitulé, Les Instituts Médico-éducatifs. Quels changements depuis les années 70 ? Témoignage d’un psychologue clinicien, la place et le rôle du psychologue dans l’institution sont mis à l’honneur. L’auteur nous fait entrer à l’intérieur de l’IME (Institut Médico-éducatif), et nous en fait découvrir le fonctionnement et l’histoire.
Au fil des réformes, les changements structurels ont produit un déplacement de la centration sur les enfants et sur leurs difficultés, vers l’activité des professionnels, perçue à travers des critères d’évaluation qui peu à peu sont devenus les organisateurs de l’institution. Avec l’introduction de formes de management inspirées de celles de l’entreprise, "le souci gestionnaire prend le pas sur les aspects éducatifs, éducatifs et cliniques." Les professionnels de l’école, en particulier les psychologues, pourront faire des liens avec ce qui se passe dans leur institution.
Le comité de lecture
Livres & Revues
KOHOUT DIAZ, M. (Sous la direction de). (2018). Tous à l’école ! Bonheurs, malentendus et paradoxes de l’éducation inclusive. Presses Universitaires de Bordeaux.
STORA, M. (2018). Et si les écrans nous soignaient ? Psychanalyse des jeux vidéo et autres plaisirs numériques. Toulouse, Érès.
SMITH, J. (2018). À la rencontre de son bébé intérieur. Paris, Dunod.
NEYRAND, G. COUM, D. WILPERT, M-D. (2018). Malaise dans le soutien à la parentalité. Toulouse, Érès.
DEFRANCE, B. (2000). La violence à l’école. Editions Syros, sixième édition.
LANÇON, P. (2018). Le lambeau. Mayenne, Editions Gallimard, Nrf
Revue de psychoéducation, volume 45, numéro 1. (2016). Université de Montréal, Québec.