Une réponse préventive au redoublement : le renforcement des aides pluri-professionnelles au sein de l’école
Le travail des enseignants spécialisés et des psychologues du RASED
Le redoublement est une pratique très répandue dans l’hexagone qui place la France dans le peloton de tête des pays de l’OCDE y ayant recours. Cette spécificité française du maintien dans un niveau de classe est perçue par de nombreux enseignants, mais aussi par de nombreux parents, comme une chance donnée à l’enfant de consolider des apprentissages trop fragiles. Ils croient en son efficacité pédagogique, efficacité pourtant depuis longtemps remise en cause. En effet, si parfois le redoublement semble, dans un premier temps, permettre une amélioration des résultats scolaires, les recherches convergent toutes pour en souligner les effets négatifs à long terme. Dans la grande majorité des cas, il est contre-productif. Il ne fait que renforcer le manque de confiance en soi et le sentiment de dévalorisation sans remédier à ce qui a pu faire obstacle aux apprentissages.
Le Décret n° 2014-1377 du 18 novembre 2014 relatif au suivi et à l’accompagnement pédagogique des élèves fait du redoublement, dès la rentrée 2015, une prise de décision exceptionnelle. Il ne devra plus répondre qu’à des situations très spécifiques dans l’objectif de « pallier une période importante de rupture des apprentissages scolaires ». Cette décision impliquera la mise en place d’un accompagnement des élèves par un dispositif d’aide.
Le Collectif National RASED considère que cette décision est favorable à une meilleure réussite scolaire de tous les élèves si elle est accompagnée de mesures de prévention et de remédiation car il ne faudrait pas en rester à une seule logique économique (-1.6 milliards d’euros par an pour le budget de l’Etat).
En effet, la suppression du redoublement n’effacera pas les situations de difficultés scolaires et il est indispensable de penser des alternatives réfléchies et adaptées, au plus près des besoins de l’enfant/élève concerné. Les dispositifs déjà existants (stages d’été, APC…) n’ont pas plus fait la preuve de leur efficacité, car les difficultés sont souvent multifactorielles et complexes. Nombreux sont les élèves pour qui ces dispositifs n’apportent que trop peu les évolutions escomptées, sans qu’ils relèvent nécessairement de soins médicaux extérieurs à l’École.
Un certain nombre de ces élèves ont besoin d’une autre approche à la fois plus globale et plus pointue de leurs besoins particuliers, affinée par une analyse pluridimensionnelle (compétences instrumentales, cognitives, psychologiques...) de ce qui fait obstacle aux apprentissages.
Ce regard croisé sur l’enfant en difficulté est apporté par les professionnels du RASED, à l’interface famille-école, et participe à l’adaptation nécessaire de l’école inclusive pour tous. Constitué de spécialistes formés aux approches différenciées et complémentaires, l’équipe RASED est en mesure d’accompagner à la fois élèves, enseignants et familles. Elle est à même de proposer des remédiations adaptées. Les RASED constituent également un axe de prévention des difficultés scolaires et de leurs conséquences à l’intérieur même de l’école et proposent des espaces d’élaboration enrichissant le travail des équipes. Dès la maternelle, ils apportent aux parents et aux enfants une meilleure compréhension des codes de l’école et, à tout moment de la scolarité primaire, ils leur permettent de mieux répondre aux attendus scolaires. Ils peuvent également intervenir avant que la difficulté ne s’enracine et font du lien entre tous les adultes qui interagissent auprès de l’enfant (enseignants, parents mais aussi le cas échéant personnels sociaux ou de santé) pour faciliter l’élaboration d’un projet d’accompagnement cohérent. Ils proposent des aides directes spécialisées au sein de l’école et au plus près des besoins de l’élève en difficulté.
Le développement des aides des professionnels composant les RASED est sans aucun doute une des réponses essentielle et préventive au redoublement à l’école primaire.
Après la suppression massive de postes orchestrée par le gouvernement précédent, les RASED n’ont jamais retrouvé les effectifs nécessaires à l’efficacité de leur action malgré leurs demandes réitérées auprès du Ministère. Le coût du redoublement dans le premier degré étant estimé à 415 millions d’euros (source CNESCO), sa réduction doit permettre de dégager des moyens budgétaires pour les RASED.
Le gouvernement ayant réaffirmé que la démocratisation de la réussite scolaire constituait l’objectif principal de sa politique éducative, il ne serait pas compréhensible qu’il refuse un tel choix.
Le collectif National RASED
25 Janvier 2014
Communiqué de presse pour la conférence de Presse
du 26 janvier 2015
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Le dossier de presse complet : ci-dessous en téléchargement.
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La dépêche de l’AEF : interview du collectif et position de l’AFPEN
Le décret du 18 11 2014
Le point de vue du café pédagogique du 27/01/2015 Cliquer