J’ai traduit cet article et communiqué car il me semble poser la question : Quelle psychologie (et quels psychologues) pour l’école ? Si les problèmes soumis aux psychologues du monde entier (et en particulier à ceux d’Occident) sont sensiblement les mêmes, la gestion de ces problèmes et les pratiques des psychologues (avec les techniques et les théories qui les sous-tendent) diffèrent sensiblement de ce que nous pratiquons généralement en France. L’intervention psychologique sur l’environnement du sujet (la classe, l’école, la famille, la communauté) est bien plus développée dans la plupart des pays d’Europe et dans le monde anglo-saxon. L’organisation en service mono ou pluridisciplinaires permet aussi de développer des politiques sectorielles dans le domaine de la recherche de terrain (et notamment la recherche-action) et de la formation psychologique des acteurs de l’éducation (enseignant, éducateurs, administrateurs).
Au moment où la psychologie à l’école est une fois encore menacée par les politiques de démantèlement des services publics, il importe que les psychologues et leurs organisations défendent et promeuvent une psychologie de qualité au service des usagers de l’école et fassent des propositions qui tiennent compte des besoins et répondent aux attentes des divers acteurs...
Je défends depuis 40 ans un modèle éco-psychologique d’intervention ( dont on pourra trouver l’illustration dans divers articles publiés sous l’égide de l’AFPS : Manuel pratique de psychologie en milieu éducatif , Adaptation scolaire, un enjeu pour les psychologues, Les écoles et le management .. et plus brièvement à l’occasion du colloque de l’AFPEN Ile de France dans l’intervention Regards croisés sur la problématique du genre- Actes à paraître en 2011) qui de mon point de vue répond davantage à la situation de l’école actuelle et offre plus de possibilité de reconnaissance sociale que la traditionnelle pratique centrée sur l’intervention clinique individuelle ( sans toutefois l’exclure car tant l’utilisation raisonnée des tests que l’entretien individuel et l’observation de l’enfant au travail ou en situation de jeux ou d’interactions sociales sont aussi une spécificité du travail du psychologue).
Je souhaite que les professionnels engagent une réflexion active pour argumenter et construire des stratégies de résistance aux politiques de démantèlement de l’école publique.
Jean-Claude Guillemard, psychologue, représentant de l’Association Internationale de Psychologie Scolaire -ISPA- auprès de l’UNESCO, Secrétaire du groupe des ONG UNESCO sur l’Education Pour Tous, responsable du Comité ISPA Child Well Being and Advocacy.