Quel choc en lisant le courrier des associations commentant le programme de l’AFPEN, et critiquant ouvertement la psychanalyse ! Votre réponse pondérée et défendant la liberté de penser me plaît, toutefois personnellement, en tant que psychologue cinicienne exerçant le métier de psychologue scolaire, je tiens à défendre l’intérêt de l’approche psychanalytique ET pluridisciplinaire pour ces "troubles". La façon de les nommer contribue à enfermer des sujets dans un rapport obligatoire à une norme qui n’est basée que sur des intérêts commerciaux énormes. Combien de parents ne sont -ils pas leurrés par les faux espoirs donnés par la Loi de 2005, qui leur fait croire que leur enfant va trouver une place ordinaire dans la société ? Ils s’imaginent parce que l’enfant va à l’école, qu’il n’est pas malade, juste un peu différent et ils restent dans le déni du handicap beaucoup plus longtemps ! durant ce temps ils dépensent des sommes considérables (la société aussi dépense) pour tenter de normaliser leur enfant, ce qui consiste en soi une violence effroyable envers ces enfants, à qui l’on adresse en permanence le message qu’ils doivent devenir comme les autres et qui constatent jour après jour leur impuissance. Les enseignants aussi sont confrontés tous les jours à cette violence et à leur propre impuissance et ils dépriment et désespèrent. Lorsqu’on explique les ANGOISSES psychiques qui habitent ces enfants aux enseignants c’’est curieux, ils savent beaucoup mieux les gérer ensuite ! Et lorsqu’on trouve, avec des parents non enfermés dans ce système de non-pensée , un lien entre l’état de l’enfant et des événements vécus, quel soulagement dans les yeux des parents ! quel étonnement, quel apaisement...
Bonjour,
Je voulais simplement faire remarquer que la lettre de la FFDys est intéressante car, malgré la référence aux activités scientifiques de l’Ecole Normale Supérieure et de la Psychiatrie et la Psychologie fondées sur des preuves, cette association continue de présenter la dyslexie comme un trouble "inné" (voir leur site) alors que cette catégorisation est réfutée et abandonnée depuis longtemps par les recherches actuelles en Neuropsychologie qui considèrent très sérieusement les effets de l’environnement sur une anomalie génétique. Ces présentations simplistes se réclamant de la scientificité ignorent manifestement l’existence de ë travaux menés sur d’autres espèces qui ont montré que des traits fortement héritables ou héréditaires sont particulièrement sensibles aux effets de l’environnement  » (Dworczak, 2004, p.217).
Plus encore, les chercheurs qui s’intéressent aux mécanismes complexes du développement cognitif élaborent aujourd’hui des modèles où ë contraintes génétiques et facteurs environnementaux sont intimement imbriqués  » (Dworczak, 2004, p.17) et s’intéressent aux premières interactions bébé-environnement et au contexte d’émergences de ces troubles de la cognition et de la construction des savoirs (Findji, Ruel, Pêcheux, 1999, 347-360).
D’autres recherches plus récentes (en particulier tous les travaux de Stanislas Dehaene et de Franck Ramus) intègrent la question de l’influence de l’environnement sur le développement de ces troubles...
Côté Psychanalyse, les approches portées par Bernard Golse, Serge Boimare, Maurice Berger, le Clinap (Jean-Yves Chagnon) n’excluent jamais de leur travaux la question du substrat neuro-anatomique de ces troubles, mais ils ont apparemment le tort de s’intéresser à l’impact de ces troubles sur le sujet, leur développement en interaction avec son environnement, les souffrances et les angoisses qui viendront secondairement entraver ses potentiels d’apprentissage (phénomènes décrits aussi par la neuropsychologie). C’est-à -dire qu’au contraire de la psychiatrie médicalisée, la question de l’étiologie n’obsède pas les cliniciens au point d’en faire une idéologie (je mets de côté l’approche basée sur "l’inconscient structuré sur un langage" qui malheureusement est un excellent contre exemple à ceux qui attaquent la psychanalyse pour son dogmatisme), par contre les questions de l’accompagnement de ces sujets et de leur prise en charge continuent à être leur priorité. Il faut rappeler qu’ils passent des heures aux côtés de ces enfants troublés dans leurs apprentissages et de leur famille, et ceci depuis parfois un grand nombre d’années. En épistémologie, on sait bien que les fameuses "preuves" des résultats peuvent être biaisées dans un protocole d’expérimentation ponctuelle. Au contraire une pratique soignante sérieuse auprès de milliers d’enfants (un psychologue scolaire peut en voir 400 par an !) conduit à des faits et des résultats qui méritent aussi toute notre attention. Lorsque l’on est soumis à une pratique aussi exigeante auprès d’un public de sujets en difficulté, il faut toujours se demander quelles sont les approches qui offrent le plus de perspectives d’évolution et d’amélioration à ceux-ci.
Dernière remarque : les "dys" sont pris en charge par les psychologues tout champ disciplinaires confondus depuis le début du XXème siècle, ils ont même contribué grandement aux repérages de ces troubles et à leurs définitions. Les associations de parents se trompent de combat en accusant les psychologues se référant à l’approche psychodynamique de "passéisme" ou de "dogmatisme". De véritables pas en arrière sont réalisés quand on supprime des postes d’enseignants spécialisés dans les RASED et dans les SESSAD qui sont pourtant des services ressources d’accompagnement spécialisé de ces problématiques. Ces suppressions de poste devraient focaliser l’attention des fédérations davantage que des luttes idéologiques qui n’ont pas de fondement scientifique : car l’approche multidimensionnelle est revendiquée par tous les travaux sérieux qu’ils soient dans le champ des neurosciences ou de la psychologie psychodynamique et par tous les professionnels qui sont suffisamment à l’écoute de la complexité des nombreuses situations qu’ils accompagnent.
Pour une démarche soi-disant "scientifique" la complexité ne devrait pas être un tel repoussoir, nous avons nécessairement un rôle à jouer en tant que parents à l’évolution et au développement psycho-cognitif et affectif de notre enfant, ce serait une erreur importante de penser que les facultés intellectuelles et instrumentales d’un enfant se développent sans un jeu important d’interaction et d’influences diverses. En tant que professionnels, nous avons l’obligation éthique et déontologique de nous doter des outils théoriques adéquat pour penser et accompagner cette complexité.
Je comprends l’inquiétude des parents vis à vis du dépistage, en effet, je suis psychologue spécialisée dans les troubles d’apprentissage et beaucoup passent au travers.
Mais les psychologues scolaires ne sont pas dans les classes, et il en faudrait 10 fois plus pour faire un travail correct et nos enseignants ne sont pas assez formés aux dys.
En effet, erreur de destinataire.
Ceci dit, la psychanalyse a aussi sa place dans le traitement des enfants autistes car il ne faut pas confondre étiologie neuro, effets de ces derniers sur la dynamique psychique de ces enfants et thérapie comportementale, ces différents points de vue sont tous nécessaires dans la prise en charge de l’enfant autiste, et elles vont dans le même sens.
Quel choc en lisant le courrier des associations commentant le programme de l’AFPEN, et critiquant ouvertement la psychanalyse ! Votre réponse pondérée et défendant la liberté de penser me plaît, toutefois personnellement, en tant que psychologue cinicienne exerçant le métier de psychologue scolaire, je tiens à défendre l’intérêt de l’approche psychanalytique ET pluridisciplinaire pour ces "troubles". La façon de les nommer contribue à enfermer des sujets dans un rapport obligatoire à une norme qui n’est basée que sur des intérêts commerciaux énormes. Combien de parents ne sont -ils pas leurrés par les faux espoirs donnés par la Loi de 2005, qui leur fait croire que leur enfant va trouver une place ordinaire dans la société ? Ils s’imaginent parce que l’enfant va à l’école, qu’il n’est pas malade, juste un peu différent et ils restent dans le déni du handicap beaucoup plus longtemps ! durant ce temps ils dépensent des sommes considérables (la société aussi dépense) pour tenter de normaliser leur enfant, ce qui consiste en soi une violence effroyable envers ces enfants, à qui l’on adresse en permanence le message qu’ils doivent devenir comme les autres et qui constatent jour après jour leur impuissance. Les enseignants aussi sont confrontés tous les jours à cette violence et à leur propre impuissance et ils dépriment et désespèrent. Lorsqu’on explique les ANGOISSES psychiques qui habitent ces enfants aux enseignants c’’est curieux, ils savent beaucoup mieux les gérer ensuite ! Et lorsqu’on trouve, avec des parents non enfermés dans ce système de non-pensée , un lien entre l’état de l’enfant et des événements vécus, quel soulagement dans les yeux des parents ! quel étonnement, quel apaisement...
Voilà qu’à Nice
Des psys scolaires se réunissent…
Mais du Congrès bien des prémices,
Selon une lettre accusatrice de cinq offices,
Seraient à jeter aux immondices
Ne valant pas un maravédis.
De qui sont ces paroles accusatrices ?
Qui sont ces prosélytes qui s’immiscent
Lourdement dans les coulisses ?
Ils vouent aux gémonies et maudissent
Tout ce qui limite leur hégémonie séductrice.
ë La psychanalyse, de profundis ! Â »
ë Les héritiers de Freud sous la cilice ! Â »
Pour eux voilà d’où viennent les préjudices.
Car l’enfant, affirment leurs esquisses dévastatrices
N’est que le portefaix de troubles et de malices,
De gênes neuroniques dont les caprices
Ankylosent les visées éducatrices
Et angoissent les institutrices.
C’est une sorte ë d’échec au porteur  », dirait-on en appendice.
Non, messieurs, vos démonstrations sont réductrices
Vos argumentations sur les facteurs souvent factices.
Des neurosciences les matrices
Ne contredisent point de Freud l’édifice.
Vos neuves certitudes, il faudrait qu’elles se métissent, se matissent
Comme on dit à Nice,
Qu’elles respectent mutatis mutandis
Des affects les visibles prémisses
Et de la souffrance psychique les indices.
Des psys scolaires la complexité de l’exercice
Aurait donc demandé de la part des cinq offices
Moins d’entrisme et plus de modestie bienfaitrice.
Charlety Michel
Cette critique du programme du congrès de l’AFPEN par les associations est cohérente mais mal adressée : c’est à l’Etat employeur que cette demande de formation (initiale et continue) devrait être formulée.
Le dépistage précoce des divers troubles énoncés par les associations est effectivement crucial pour que des prises en charge adaptées et des aides appropriées puissent se mettre en place dès le plus jeune âge.
Les psychologues scolaires sont avec les enseignants et les médecins scolaires en " première ligne" pour repérer certaines manifestations symptomatiques et proposer suite à leurs observations des hypothèses diagnostiques aux familles.
Actuellement n’existent au sein de l’Education Nationale que des formations généralistes, dispensées au compte-goutte ( une demi-journée annuelle sur les troubles DYS par exemple).
Il revient donc à chaque professionnel de d’auto-former selon sa sensibilité clinique et l’intérêt qu’il porte à cette problématique.
Ce qui reste largement insuffisant et lacunaire...
bonjour,
j’ai pris connaissance des deux lettres et je trouve la réponse de l’AFPEN tout à fait adaptée. Il me semble qu’il était essentiel d’insister sur le fait que ce congrès s’intéresse aux problématiques de tous les élèves scolarisés et pas seulement aux élèves à besoins éducatifs particuliers, super !!!!!
par ailleurs, en tant que psy scolaire ce qui me plait dans ce programme c’est cette ouverture vers justement le champ de la psychanalyse qui nous permet de sortir du tout "mécaniste" et qui permet des réflexions d’un autre ordre sur les difficultés rencontrées dans le cadre scolaire en lien avec les apprentissages scolaires.
Associativement,
J’apprécie la réponse de l’AFPEN à ces associations.
Notre association a toujours présenté une vision plurielle de la profession et c’est lui faire un mauvais procès d’intention que d’insinuer le contraire. Pour ceux d’entre nous qui voudraient s’en tenir à une approche unique, la pratique a tôt fait de nous ramener à la réalité : les théories psychanalytiques nous ont apporté beaucoup mais les approches psychosociales, systémiques, cognitivistes...nous sont aussi indispensables selon les situations rencontrées et les nécessités d’un diagnostic différentiel. Tout autant que Freud, Piaget ou Wallon tenaient compte de l’état de la biologie de leur époque nous devons bien entendu tenir compte des nouvelles connaissances qu’apporte la neuro psychologie sans pour autant nous transformer en neuropsy. Notre vision du sujet ne peut pas s’arrêter au fonctionnement du lobe temporal.
Que l’AFPEN continue d’organiser ses congrès dans la perspective de “regards croisés sur...†en faisant intervenir des spécialistes de diverses disciplines et de divers champs de la psychologie et nous nous en porterons bien.
Jean-Claude Guillemard (ancien président de l’AFPS 1981-87)
Bonjour à tous,
On peut aisément imaginer à quoi ressemblerait l’AFPEN si de telles personnes se trouvaient un jour à sa direction et quelle serait alors la place laissée à la psychanalyse ; c’est-à -dire à la pensée...
Bravo pour cette réponse qui reflète tout à fait ce que j’aurais aimé dire.
Cordialement, Maryse Gandara Casado (Nice)
Bonjour et merci de votre réponse qui replace la liberté de pensée au coeur d’un système éducatif qui défend encore le mieux qu’il peut les valeurs démocratiques. Au-delà de toute chapelle et de tout dogmatisme, il est regrettable que des associations de cette importance soient aussi "intrusives" envers une autre association, en l’occurrence l’AFPEN. Comme Gaston Bachelard nous le rappelle sagement, une nouvelle connaissance ne peut être construite qu’en remettant en question une connaissance plus ancienne ; il faut se garder de penser qu’à un moment l’on détient LA vérité. Sachons plutôt nous saisir, ici ou là , dans telle ou telle approche, de ce qui semble bon pour l’enfant. N’est-ce pas notre objectif commun ?